J´imagine que vous avez déjá compris que j´ai horreur de tout ce que c´est preténtieux. Mais je n´ai pas d´autre titre pour cette photo. D´ailleurs c´est ma photo préférée parmi des milliers d´autres. Il n´y a rien de caché, ce n´est pas un scoop. Ce n´est personne d´importante, même pas la reincarnation reconnue de qui que ce soit. La photo est exactement ce qu´elle paraît être : un petit moine de huit ans, parfaitement anonime, qui ne parle pas un seul mot d´anglais, recontré par hazard ( ? : -) au temple de Shwedagon. Pourquoi cette photo est si importante pour moi et- surtout- je lui donne un titre pas du tout dans mon style ? Je pourrais écrire un livre pour l´expliquer, y raconter ma vie, mes voyages, les rencontres, le mystère de la vie et des gens. Peut être je vais l´écrire un jour. Ou un beau chapître dans le futur livre sur la Birmanie. Pourquoi l´intelectuelle venue de Paris, qui parle plusieurs langues, qui a tout lu, tout vu, croise le regard un garçon de huit ans dans un temple à l´autre bout de la Terre et devient immédiatement fascinée ? Pour découvrir que c´est réciproque ? Pourquoi deux êtres humains que tout sépare, âge, culture, situation sociale se sentent si proches, si solidaires, si attirés l´un vers l´autre ? Je n´ai aucune explication surnaturelle, les histoires de reincarnation ne m´ont même pas passées par la tête. Pour moi c´est encore plus merveilleux et mystérieux que cela. La magie de la vie. L´incertitude, l´inexplicable. Nous avons passé la moitié d´une journée à nous promener ensemble au temple et même pour les choses plus simples, como savoir son nom ou son âge, des gens ont servi d´interprète entre nous. J´ai dit à la personne qu´était avec moi « Maintenant je comprends pourquoi Alexandra David-Neel ( l´exploratrice) a adopté un moine ! » Regard des deux cotés «Est-ce que tu est sûre que c´était Alexandra qui a adopté le moine, pas l´inverse ? » : -) J´ai plusieurs photos de lui mais c´est celle là, le premier regard croisé, que j´aime le plus. Il n´y a pas image plus simples, plus depouillée et je n´ai rien de minimaliste. J´ai son nom, son adresse à l´époque et je suis journaliste d´investigation. Plusieurs fois je regardé ces mots écrites dans un petit cahier et je me suis demandée si j´allais le rechercher ou pas. J´ai decidé que non, contrairement à mes habitudes et ma tendence naturelle. C´était une décision mûrie au long des années et des visites. C´était un aprentissage aussi. Que ça fait partie du sense de la vie. La magie absolue ne se répéte pas. Certaines choses sont uniques...