le MOULIN for GAIUS by claude19
Open full image in new tab Members remain the original copyright holder in all their materials here at Renderosity. Use of any of their material inconsistent with the terms and conditions set forth is prohibited and is considered an infringement of the copyrights of the respective holders unless specially stated otherwise.
Description
Le MOULIN
La pluie frappait comme un nuage de sauterelles dans le désert.
Accoudé sur le rebord intérieur de la fenêtre…je la regardais tomber…
Sans arrêt…
Sans arrêt tombait-elle sur les vitres de ma mansarde…en Normandie…
A Condé sur Huisne…glaciale…les gouttes violemment heurtaient la surface de la rivière…que je voyais au travers les aubes…la roue du Moulin…
Je ne voulais sortir…je refusais de combattre cette humide hostilité glaciale…
Je pestais…contre le Soleil absent…contre la Normandie par trop verdoyante…
Pas étonnant pestais-je…cette région…ces prés…peuvent être verts…avec toute cette eau qui chute du ciel…violente…glacée à vous donner…la mort…la crève en tout cas…
Pas de bois, pas de chauffage…qui aurait idée de stocker du bois en plein été…dans la salle à manger…pour chauffer !
En plus de toute cette ambiance aquatique…la cendre mouillée…une âcre odeur de brûlé…humide…et froid…
Emmitouflé dans mon manteau de laine…rendez-vous compte…porter un manteau de laine en été…vous vous rendez compte…il faut être un peu timbré…ou gravement malade…
Non…non…je me sais ne pas être malade…je suis frigorifié…à travers les arbres…non loin de la fenêtre…je surveille…entre les troncs…la rivière si chatoyante…parfois…sous la lumière du soleil…
C’est ça la Normandie…de grandes routes…bien longues…traversant discrètement des champs immenses…c’est connu…les normands sont riches…et radins…sauf pour la terre…
Quelle idée d’avoir acheté ce moulin à eau…avoir fait remettre en état la roue à aubes…belle pièce…de menuiserie…qui m’a coûté très cher…le menuisier charpentier qui me l’a reconstruite…m’a garanti qu’elle supporterait son travail pendant cent ans…pensez d’un investissement…je ne vivrai jamais cent ans de plus…ou alors…c’est que la Normandie m’aura bien conservé…
Revenons sur terre, prisonnier que je suis de ce local vétuste…humide et froid…face à ce colossal foyer bien éteint…où il y a quelques mois…j’avais grillé des châtaignes…
Je me croirai prisonnier d’un quelconque maléfice…emprisonné dans des liens invisibles que tisse cette humidité pluviale…et cette rivière dont doucement les eaux empiètent sur les berges…
Que ne donnerai-je pour avoir chaud…un simple rayon de soleil, qui réchaufferait les vitres…pour sortir dans cette campagne que j’adore…
Fasse le Ciel…que ces rafales s’arrêtent…nom de D… !
Soudain…
Miracle…devant moi…
Un rayon de soleil ? Demanderiez-vous…
Non…beaucoup mieux…
Ah bon ?...diriez vous d’un air étonné…
Oui…il y a brutalement du soleil… mais en plus…
Une biche avec son faon…à deux pas de ma fenêtre…
Les deux animaux paisibles…absolument pas en alerte…
Le faon tête sa mère…tandis que celle-ci broute de tendres pousses sur l’arbre…face à mon logis…
Que c’est beau…ce spectacle…dois-je sortir…
Mais non… le soleil doit jeter de violents éclats de lumière sur mes vitres…les deux animaux ne peuvent me voir…
Un moineau…se trompant d’aire d’atterrissage vient de se poser sur le dos de la jeune mère…
Si j’avais mon Nikon sous la main…je prendrais une magnifique photo…un vieil arbre humidifié par la pluie…des éclats de soleil sur son écorce…Une biche…un moineau…picorant des insectes…dans la fourrure de la jeune mère…tout en fixant sur la pellicule…le faon la tête glissée…tordue sous le poitrail de sa génitrice…quelle beauté…en train de se nourrir…le cycle de la nature…ce moineau transportant…sans le savoir…des graines…pour de futurs arbustes…poussant autour de moi…quelle chance d’admirer cette beauté…
Le spectacle est divin…les rayons du soleil persistent…l’eau qui coule en rigoles parallèles sur la vitre…commence à s’évaporer …je vois mieux ce tableau champêtre…
J’ai décidé de ne pas sortir…la cinquième de Beethoven en fond sonore s’adapterait parfaitement à cette vision idyllique…de la nature…me réconciliant avec cette verdoyante région…
N’ayant pas de tourne disques dans ce moulin…il me reste à me chanter doucement dans la tête cette magnifique séquence de « Soleil Vert »…ce film où un vieil homme qui a fait son temps…décide de mourir au son de cette musique…la vue de ces feuillages…de ces dômes extrêmement colorés de cette forêt américaine…
Que je perde mon temps à regarder cette scène champêtre…non…non…je ne perds pas mon temps…cela fait du bien d’écouter la nature…
L’oiseau s’est envolé…la biche et son faon se sont inconsciemment rapprochés de ma fenêtre…les flaques de boues…les feuilles au sol…n’ont pas l’air de les gêner…que c’est beau…la Vie de la Nature…
Que se passe-t-il…la musique se fait plus forte…elle envahit tout mon crâne…une si belle musique…qui m’agresse…je ne comprends pas…
- Chaton…réveille-toi…bon sang…chaton réveille toi… ! On est bientôt arrivés à Condé sur Huisne…allez ouste…debout…on descend…
Fini le champêtre spectacle…finie la confiance des biches…finies les audaces des oiseaux…
Nous sommes arrivés…Nous allons chez le Notaire…
Pour signer…
Pour signer l’acquisition du moulin…tout ça pour une roue à aubes…ma femme a de ses idées parfois…enfin…cédons…on aura peut être de la chance…qui sait ?
Comments (7)
claude19
The mill
The rain struck like a cloud of locusts in the wilderness. Leaning on the inner edge of the window ... I watched her fall ... Nonstop…
Without stopping it fell on the windows of my mansard ... in Normandy ... At Condé sur Huisne ... icy ... the drops violently hit the surface of the river ... that I saw through the blades ... the Mill wheel ...
I did not want to go out ... I refused to fight this humid icy hostility ...
I pitied ... against the absent Sun ... against Normandy by too verdant ...
No wonder I was ... this region ... these meadows ... can be green ... with all this water that falls from the sky ... violent ... icy to give you ... death ... the death in any case ...
No wood, no heating ... that would have idea to store wood in the middle of summer ... in the dining room ... to heat!
In addition to all this aquatic atmosphere ... wet ash ... an acrid burning odor ... wet ... and cold ...
Wrapped up in my woolen coat ... do you realize ... wearing a wool coat in summer ... you realize ... you have to be a bit stamped ... or seriously ill ...
No ... no ... I know I am not sick ... I am refrigerated ... through the trees ... not far from the window ... I watch ... between the trunks ... the river so shimmering ... sometimes ... under the sunlight ...
This is Normandy ... great roads ... very long ... discreetly crossing immense fields ... it is known ... the Normans are rich ... and radins ... except for the land ...
What an idea to have bought this water mill ... having had to restore the paddlewheel ... nice piece ... carpentry ... which cost me very dear ... the carpenter carpenter who rebuilt me ... guaranteed me that She would support her work for a hundred years ... think of an investment ... I will never live one hundred years more ... or so ... it is that Normandy will have kept me well ...
Let us return to earth, prisoner that I am of this dilapidated premises ... wet and cold ... facing this colossal fireplace extinct ... where a few months ago ... I had roasted chestnuts ...
I will believe myself a prisoner of some evil ... imprisoned in invisible bonds that this rainy moisture weaves ... and this river whose gently waters encroach on the banks ...
What will I give to be warm ... a simple ray of sunshine, which would warm the windows ... to go out in this campaign I adore ...
Fade the Sky ... these gusts stop ... name D ...!
Suddenly…
Miracle ... before me ...
A ray of sunshine ? Would you ...
No ... much better ...
Ah, good? ... you would say with astonishment ...
Yes ... there is brutally sun ... but more ...
A doe with his fawn ... a stone's throw from my window ...
The two peaceful animals ... absolutely not alert ...
The fawn head his mother ... while this one grazes tender shoots on the tree ... facing my home ...
What a beautiful ... this show ... should I go out ...
But no ... the sun must throw violent shards of light on my windows ... the two animals can not see me ...
A sparrow ... mistaking a landing area has just landed on the back of the young mother ... If I had my Nikon on hand ... I would take a beautiful picture ... an old tree moistened by the rain ... shards of sun on its bark ... A doe ... a sparrow ... pecking insects ... in the fur of the young mother ... While fixing on the film ... the fawn head slipped ... twisted under the chest of his genitrix ... what beauty ... feeding ... the cycle of nature ... this sparrow carrying ... without knowing ... seeds ... for future Shrubs ... pushing around me ... what a chance to admire this beauty ...
The spectacle is divine ... the rays of the sun persist ... the water that flows in parallel channels on the window ... begins to evaporate ... I see better this picture rural ...
I decided not to go out ... the fifth of Beethoven in sound background would adapt perfectly to this idyllic vision ... of nature ... reconciling me with this verdant region ...
Having no record turns in this mill ... it remains for me to sing softly in the head this beautiful sequence of "Sun Green" ... this film where an old man who made his time ... decides to die to the sound of this music ... the view of these foliage ... of these extremely colorful domes of this American forest ...
That I lose my time watching this rural scene ... no ... no ... I do not waste my time ... it's good to listen to nature ...
The bird has fled ... the doe and its fawn have unconsciously moved closer to my window ... the puddles of mud ... the leaves on the ground ... do not seem to bother them ... it's beautiful ... Life of nature…
What happens ... the music gets stronger ... it invades all my skull ... such beautiful music ... that aggravates me ... I do not understand ...
Finished the country show ... finished the trust of deer ... finished the daring birds ...
We arrived ... We go to the Notary ...
To sign…
To sign the acquisition of the mill ... all that for a paddlewheel ... my wife has her ideas parf.
Richardphotos
did you write this
claude19
Yes dear ArtFriend...I am thye writer of this story !!!
gaius
MERCI, MERCI, MERCI...je ne vais pas l'écrire 1000 fois mais c'est ce que je voudrais te dire. Pas facile l'art de la nouvelle...faut-il faire, comme le conseillait Tchekhov (ou Tchekov...), écrire un roman, couper le début et la fin pour avoir une nouvelle ? En tout cas, tu t'en es merveilleusement sorti et nous rêvons, avec toi, d'un moulin, en Normandie ou ailleurs, de biche, de faon...Beethoven en fond sonore ? Pourquoi pas mais la Pastorale, peut-être ? Ou, allez, Mendelssohn...le songe d'une nuit d'été.
jmb007
il y a des moulins en normandie? c'est de la sf, peut etre ?
sandra46
superb writing
Glendaw
Very interesting and well written Claude.
3DClassics123456
Je me suis régalé avec ton texte.
J'ai habité deux ans en Normandie. Beaucoup trop de chasseurs "viandards" et alcooliques et peu de faune vraiment sauvage.