Une autre nuit dans la vie D’après Edward Hopper. Elle était partie sans donner d’adresse, ni de nouvelles; elle était comme ça. Après tout les chats aussi, font quelques escapades et puis reviennent, s’était dit le félin. Elle avait dû partir pendant qu’il s’était assoupi, alors qu’il rêvait aux mots qu’elle lui dicterait le lendemain matin. La journée s’était passée sans échos de sa voix, comme :”coucou, je suis rentrée !”. Alors le chat s’était fait une raison, reprenant sa place favorite de poète. De sa vigie, les lumières scintillantes du lac lui apportaient une maigre consolation : il allait écrire sur les silences, sur la difficulté de sa maîtresse à mettre en mots ce dont elle rêvait. Il eut un regard vers le tableau qui était accroché au mur, et il l’imagina, quelque part dans une chambre d'hotel, seule, à lire quelque prospectus, alors qu’elle aurait aimé une lettre de lui. Le crissement lent et régulier de sa plume meublait l’espace qu’un huissier cruel avait vidé de toute chaleur affective. La calligraphie se développait dans une beauté sèche et sans bavure ; de mémoire d’homme, on n’avait jamais vu un chat pleurer. Merci pour votre visite et vos commentaires Another night in the life After Edward Hopper. She had left without giving any address or news; she was like that. After all, cats too, make a few escapades and then come back, the feline had said to himself. She must have left while he had dozed off, dreaming of the words she would dictate to him the next morning. The day had passed without echoes of her voice, like: "hello, I'm home!". So the cat had made up his mind, resuming his favorite place as a poet. From his lookout, the twinkling lights of the lake brought him little consolation: he was going to write about the silences, about his mistress's difficulty in putting into words what she was dreaming of. He looked at the painting that hung on the wall, and he imagined her, somewhere in a hotel room, alone, reading some flyer, when she would have liked a letter from him. The slow, steady rustling of his pen filled the space that a cruel usher had emptied of all emotional warmth. The calligraphy developed into a dry, unblemished beauty; in living memory, no one had ever seen a cat cry. Thank you for the view and your visit