D'après Laure Albin-Guillot. Je présente une nouvelle série de 7 images intitulée la chambre claire (camera lucida) comme un contrepoint à la chambre noire (camera obscura) ; merci à Roland Barthes. Pour reprendre les concepts de Barthes, le studium, ici consiste à présenter une histoire très synthétique du nu féminin photographié, pris en charge par des femmes photographes. Cette réappropriation de l’image de leur corps dans un monde largement dominé par le regard des hommes est une chose qui interroge notre culture et notre éducation du regard. J’ai souhaité aussi me confronter au concept de punctum, c’est ce qui “pointe”, un détail qui provoque une émotion chez le spectateur, qui peut échapper à l’intention du photographe, une sorte de hors-champ subtil. En voici quelques clefs pour comprendre son éventuel repérage dans mes images : si l’agrandisseur tient lieu et place de la figure du regard masculin sur l’image du corps des femmes, que signifie l’action d’une photographe qui prend pour sujet l’ampoule de lumière inactinique ? Figure absurde de résistance en photographiant ce qui n’a pas d’impact sur les surfaces photosensibles ? Pourtant cette série a vocation d’interroger ce qui est en développement et en révélation quand la première surface photosensible en jeu dans la photographie est celle de la peau du modèle. Dernière clef avant de vous laisser découvrir peu à peu l’ensemble : entre le négatif et le positif de chaque photo citée, il y a ce jeu de mots visuels : le négatif devenu shawl pour la jeune femme photographe tient lieu de “Shall I” comme si après des années de male gaze, une femme devait demander la permission de ne pas être seulement un modèle, mais aussi une créatrice, et de pouvoir assumer librement tous les rôles qu’elle a choisi d’être. After Laure Albin-Guillot I present a new series of 7 images entitled the camera lucida as a counterpoint to the camera obscura ; thanks to Roland Barthes. To use Barthes' concepts, the studium, here consists of presenting a very synthetic history of the photographed female nude, taken in charge by women photographers. This reappropriation of the image of their body in a world largely dominated by the gaze of men is something that questions our culture and our education of the gaze. I also wanted to confront the concept of punctum, it is what "points", a detail that provokes an emotion in the spectator, which can escape the intention of the photographer, a kind of subtle off-screen. Here are some keys to understanding its possible location in my images: if the enlarger takes the place of the figure of the male gaze on the image of the women's body, what does the action of a photographer who takes the safelight bulb as her subject mean? Absurd figure of resistance by photographing what has no impact on photosensitive surfaces? Yet this series aims to question what is developing and revealing when the first photosensitive surface at stake in photography is that of the model's skin. Last key before letting you gradually discover the whole: between the negative and the positive of each photo cited, there is this approximate visual play on words: the negative that has become a shawl for the young female photographer stands in for "Shall I" as if after years of male gaze, a woman had to ask permission to not only be a model, but also a creator, and to be able to freely assume all the roles she has chosen to be. Thank you for the view and your comments